POUR
UN HABITAT DIVERSIFI� ET DE QUALIT�
A
Depuis 25 ans, les cons�quences de la loi du
march�
B
Trois objectifs prioritaires
C
Des instruments au service de ces trois objectifs
prioritaires
Contre
l�abandon actuel de ce domaine d�action, nous
proposons une action d�termin�e, indispensable
pour restaurer � Paris un �quilibre social,
faute duquel la capitale aura d�finitivement
perdu une partie de son �me.
A
Depuis 25 ans, les cons�quences de la loi du
march�
C�est
sans doute dans ce domaine de l�habitat et du
logement que le bilan de l�action conduite
depuis 1977 est le plus d�plorable. Dans une
ville o�, bien plus qu�ailleurs, le libre jeu
du profit et les forces du march� peuvent �tre d�vastateurs,
la municipalit� a d�lib�r�ment choisi de leur
laisser libre cours. Ce choix politique assum�
avec cynisme poursuivait un objectif simple :
rejeter de l�autre c�t� du p�riph�rique les
couches sociales les plus d�favoris�es et une
bonne partie des classes moyennes, au nom d�une
conception �litiste de la capitale et surtout
d�int�r�ts �lectoraux pour le moins sordides.
Cette vision de Paris, mise en �uvre avec une
extraordinaire brutalit�, a eu de graves cons�quences.
Exclusion
de certaines cat�gories. Beaucoup de familles
avec enfants ont quitt� Paris, le prix des
logements ayant consid�rablement augment�.
Sait-on par exemple que sous la pression des co�ts,
la superficie moyenne des logements parisiens est
de 59 m2 contre 73 m2 en Ile-de-France ? Autres
victimes d�sign�es de cette politique : les
jeunes, les familles monoparentales, les �tudiants
pour lesquels la ville n�a montr� que d�dain.
C�est pourquoi les moins de 20 ans ne repr�sentent
que 19 % de la population parisienne contre 26 %
en France. D�une mani�re g�n�rale, les in�galit�s
de revenus, plus fortes qu�ailleurs, ont chang�
le visage de la capitale.
Disparition
de nombreux logements � loyer r�duit (h�tels
meubl�s, chambres de bonne) en l�absence de pr�emption
de la Ville et du fait des r�novations, ce qui
conduit au surpeuplement des logements restant
accessibles pour les familles � revenu modeste.
Une
construction de bureaux confinant au g�chis : 700
000 m2, dont la construction a �t� encourag�e
par la municipalit�, restent encore inoccup�s.
Des
besoins souvent dramatiques : 70 000 familles sont
en attente d�un logement social, alors m�me que
la construction a dramatiquement chut� ces derni�res
ann�es, au point que c'est l'�tat qui a du
apporter sa contribution pour assurer la
production de 2000 logements sociaux et interm�diaires
par an. Quant aux 300 000 �tudiants de la
capitale, ils ne disposent que de 2 500 chambres
de Cit�s universitaires.
Un
d�s�quilibre g�ographique injuste :
80
% des logements sociaux se trouvent � l�Est,
dont 50 % dans les XIIIe, XIXe et XXe
arrondissements.
Plus
que jamais, c'est donc une action volontariste
qu'il faut mettre en �uvre. Cette action, doit r�pondre
� plusieurs objectifs prioritaires aux moyens
desquels doivent �tre mobilis�s, avec une grande
d�termination, les instruments dont dispose la
Ville.
B
Trois objectifs prioritaires
Relancer
la production de logements � loyer mod�r�
�
Un effort quantitatif vigoureux est indispensable
pour surmonter l�insuffisance criante du parc de
logements � loyer mod�r�. Au demeurant, la
future loi sur la " solidarit� et le
renouvellement urbain " fera obligation �
chaque commune de disposer d�un parc de
logements dont 20 % auront une vocation sociale.
� Paris, cet objectif repr�sente la production
d�environ 60 000 logements suppl�mentaires.
Nous
proposons pour la future mandature un objectif
ambitieux mais r�aliste, � n�gocier avec l��tat
et les op�rateurs, de production de 5 000
logements � loyer mod�r� par an.
�
Le r��quilibrage g�ographique de ces logements
est un autre objectif. Tout conduit � des
implantations nombreuses � l�Ouest : l�imp�ratif
de mixit� sociale des quartiers, la moindre
densit� de ces arrondissements, la saturation des
divers services publics � l�Est. Toutes les
opportunit�s fonci�res devront �tre recherch�es
� l�Ouest et au Centre de Paris pour pouvoir y
implanter des logements � loyer mod�r�.
�
Certaines cat�gories doivent trouver dans les
logements d�pendant de la Ville les capacit�s
d�accueil que le march� libre ne leur offrira
jamais :
1)
Accroissement de l�offre de logements destin�s
aux jeunes (�tudiants, apprentis) : un contingent
de studios de type PLUS sera affect� � cette
fonction.
2)
R�servation de logements au profit de malades du
SIDA.
3)
Financement par la Ville de 100 ateliers-logements
par an, au lieu de 30 actuellement, les artistes
manquant cruellement de lieux de vie et de
travail.
�
Diversifier l�offre de logements suppose �galement
de r�pondre � l�aspiration de nombreux
Parisiens d�acc�der � la propri�t�. Le
programme actuel d�accession sociale de 300
logements annuels sera port� � 600 logements, en
privil�giant la cession de logements adapt�s aux
besoins des familles.
Transformer
l�habitat ancien � des fins sociales.
L�habitat
ancien est �videmment pr�pond�rant � Paris. La
transformation d�immeubles existants en
logements sociaux n�est pas une priorit� de la
municipalit� actuelle, qui pr�f�re laisser le
champ libre aux promoteurs. Elle pr�sente
pourtant de multiples avantages : possibilit� de
maintien des habitants dans les lieux,
concentration d�aides diverses de l��tat,
conservation du paysage parisien traditionnel et,
surtout, �limination de situations d�inconfort
intol�rables dans notre pays au d�but du XXIe si�cle.
Pour
la r�habilitation des immeubles anciens, leur
mise aux normes de confort, les OPAH (op�rations
programm�es de l�am�lioration de l�habitat)
constituent des instruments essentiels. Elles
permettent de prendre en charge une partie des
travaux d�cid�s par les copropri�taires gr�ce
� des subventions accord�es par l��tat, la
Ville et souvent la R�gion. Or la municipalit� n�glige
ce moyen d�am�liorer la situation de nombreux
immeubles parisiens, et les moyens financiers
qu�elle d�gage ne sont pas � la hauteur des
enjeux (10 % en moyenne des d�penses).
Nous
proposons de majorer la participation de la Ville
� ces op�rations afin de les rendre plus
attractives pour les copropri�taires et
d�amplifier le conventionnement avec l�ANAH
(Agence nationale d�am�lioration de
l�habitat) qui permet de majorer les subventions
lorsque, apr�s travaux, le loyer est plafonn�
(copropri�taires bailleurs). Une telle OPAH
pourrait d�ailleurs �tre lanc�e sur
l�ensemble de Paris. Enfin, nous veillerons �
ce que ces op�rations soient syst�matiquement
accompagn�es du maintien ou du retour des activit�s
et des commerces de proximit� en mobilisant les
cr�dits du Fonds d�Intervention de Sauvegarde
de l�Artisanat et du Commerce (FISAC).
En
finir, sur une mandature, avec l�habitat
insalubre et le saturnisme.
La
r�habilitation de l�ancien ne doit pas faire
oublier la situation des immeubles que
l�insalubrit� ou l��tat de d�gradation rend
inhabitables. � l��vidence, le recensement op�r�
par la Ville et concluant � 136 immeubles
insalubres sous-estime la r�alit�. La Pr�fecture
de Police en surveille 1 200 qui pr�sentent des
ph�nom�nes d�insalubrit� ou des risques li�s
� leur �tat. Un nouveau recensement g�n�ral
sera donc tr�s rapidement mis en �uvre.
La
persistance du saturnisme est insupportable en ce
d�but de si�cle. Son �radication est donc une
priorit� absolue et passe par une application
sans faille des dispositions l�gales : d�pistage
syst�matique des immeubles pr�sentant ce risque,
alerte par les services m�dicaux scolaires,
relogement imm�diat des familles, information et
pr�vention en amont.
Enfin,
la plus grande vigilance s�impose vis-�-vis du
march� des taudis o� les propri�taires se
refusent � toute am�lioration et per�oivent des
loyers �lev�s gr�ce aux aides personnelles au
logement. Il est du devoir de la Ville de d�celer
ces situations et de construire un v�ritable
partenariat avec l��tat pour la mise en �uvre
des moyens de contrainte pr�vus par la loi.
C
Des instruments au service de ces trois objectifs
prioritaires
Utiliser
avec fermet� l�ensemble des moyens propres dont
dispose la Ville de Paris. Les moyens juridiques,
budg�taires et politiques de la Ville sont consid�rables,
ce qui rend d�autant plus insupportable le
laisser-faire de la municipalit� de droite depuis
25 ans.
�
Les acquisitions fonci�res et immobili�res y
contribueront. Les achats d�immeubles v�tustes
par les promoteurs seront examin�s attentivement,
afin d�exercer le droit de pr�emption dans des
conditions favorables de co�t. La pr�emption
sera aussi utilis�e pour r�pondre aux situations
dramatiques rencontr�es par les locataires des
logements appartenant aux investisseurs
institutionnels lors des " cong�s ventes
". Il n�est en effet pas admissible que des
familles habitant dans des immeubles depuis
longtemps s�en voient chass�es parce qu�elles
n�ont pas les moyens de racheter leur
appartement.
�
Le domaine priv� de la Ville de Paris doit �tre
utilis� autrement. Depuis que la municipalit� a
d�cid�, sous la pression du scandale, de
revendre une partie de son patrimoine immobilier,
elle ob�it aveuglement � la loi du march�. Elle
vend dans les arrondissements centraux de l�Ouest,
o� le foncier est cher, et transf�re aux
bailleurs sociaux dans l�Est parisien, l� o�
le prix au m2 est le moins �lev�. Cette
politique dict�e par de seules consid�rations
financi�res accro�t � l��vidence le d�s�quilibre
social entre les diff�rents quartiers de la
capitale. Nous proposons de transf�rer plus syst�matiquement
aux bailleurs sociaux le domaine priv� de la
ville, notamment dans les quartiers � fort d�ficit
de logement social et d�affecter int�gralement
le produit des cessions aux cr�dits en faveur du
logement � loyer mod�r�.
�
La transformation de bureaux en logements doit �tre
acc�l�r�e ; elle est d�ailleurs tr�s
encourag�e par les avantages fiscaux qui s�y
rattachent.
�
S�agissant de l�habitat insalubre, le recours
� la loi Vivien (d�molition � reconstruction)
doit �tre syst�matique. En outre, la proc�dure
" d�abandon manifeste d�un immeuble
" qui permet l�expropriation rapide
d�immeubles vacants et d�grad�s doit �tre
plus largement utilis�e par la Ville afin de
freiner le d�p�rissement du b�ti ancien.
�
Les organismes para municipaux (RIVP, OPAC, SAGI,
SEM, etc.) disposent de moyens tr�s importants.
La Ville doit mieux les contr�ler et fermement
orienter leur action. Leur gestion doit �tre
transparente, afin d��viter les scandaleuses d�rives
parfois constat�es. Sur la base d'orientations d�cid�es
par le Conseil de Paris, des conventions
d'objectifs seront pass�es entre la Ville et les
bailleurs sociaux.
D�velopper
tous les partenariats utiles � l�am�lioration
de l�habitat. Les probl�mes d�habitat et de
logement ne sauraient se concevoir exclusivement
� l�int�rieur du p�riph�rique, ne serait-ce
qu�en raison de l�existence en banlieue d�un
parc important de logements sociaux appartenant �
l�OPAC notamment et � des SEM parisiennes. Les
communes voisines pourraient contribuer �
l�instauration d�un nouveau mode de coop�ration
entre collectivit�s publiques, de nature � accro�tre
l�efficacit� des politiques de logement, la coh�rence
urbaine et la solidarit� entre Paris et sa p�riph�rie.
Des
partenariats peuvent �galement se nouer avec tous
les acteurs contribuant � l�am�lioration de
l�habitat : �tat et grandes entreprises
publiques c�dant terrains et immeubles leur
appartenant, mais �galement R�gion avec laquelle
pourraient �tre sign�s des contrats
d�objectifs pluriannuels. En outre, un forum
avec la promotion priv�e sera organis� pour
favoriser son association aux objectifs de la
Ville.
Accro�tre
la transparence sous toutes ses formes. Nous
organiserons annuellement un grand d�bat sur la
politique de l�habitat, ses objectifs et ses r�alisations,
dont les conclusions seront rendues publiques. Il
faut �galement en finir avec les suspicions qui p�sent
sur l�attribution des logements du parc social.
Nous proposons la cr�ation d�une commission de
transparence, pr�sid�e par une personnalit� ind�pendante
et charg�e de pr�parer une charte parisienne des
attributions de logements engageant la Ville, l��tat,
les bailleurs sociaux et les autres r�servataires.
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