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Bertrand Delanoë
Aujourd'hui : 10/04/01 J30
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Le projet pour Paris
PARIS, VILLE PARTENAIRE DE LA S�CURIT� DES PARISIENS

A L�ins�curit� � Paris : une r�alit� multiforme et �volutive

B La s�curit� : une coproduction

C Dix priorit�s pour un nouveau Contrat Local de S�curit�

 

L�ins�curit� est une in�galit�. Elle frappe plus durement encore les plus fragiles et les plus modestes des Parisiens. Le droit des Parisiens � la s�curit� � de tous les Parisiens, o� qu�ils vivent � est au c�ur du Pacte r�publicain qui, � Paris aussi, doit �tre fortifi�. Mais au-del� d�une position de principe qu�il est toujours utile de r�affirmer avec force, ce sont bien les conditions concr�tes de sa mise en �uvre qui doivent mobiliser les initiatives municipales.

            La majorit� parisienne sortante n�a manifestement pas pris la mesure de ses responsabilit�s vis-�-vis des Parisiens, l�gitimement soucieux que leur s�curit� soit mieux assur�e. Elle s�est en effet pour l�essentiel cantonn�e au commentaire pol�mique, cherchant � instrumentaliser le sentiment d�une d�gradation de la s�curit� des Parisiens et � en attribuer la responsabilit� � une r�gression des effectifs policiers � Paris, de fait engag�e sous l�autorit� d�un ancien Ministre de l�Int�rieur, � l��poque �lu RPR de Paris. Ce faisant, elle a depuis longtemps d�sert� le seul terrain sur lequel les Parisiens attendent leur mairie : le terrain du travail concret dans les quartiers.

            Prendre au s�rieux les Parisiens sur un sujet qui figure au deuxi�me rang de leurs pr�occupations, c�est d�abord investir pleinement les comp�tences municipales et d�partementales, qui sont d�ores et d�j� celles de la Ville. Ce qui est aujourd�hui tr�s loin d��tre le cas. La pauvret� de l�engagement de la Ville dans le Contrat Local de S�curit� en est d�ailleurs une parfaite illustration.

La ren�gociation � n�cessairement rapide � du Contrat Local de S�curit� permettra de red�ployer et d�intensifier l�intervention de la Ville sur ses domaines de comp�tence, aujourd�hui largement inexploit�s.

            Au-del�, la revendication de pouvoirs nouveaux en mati�re de police municipale ne doit pas faire l�objet d�une agitation politicienne confuse, sans d�bouch�s ni perspectives. Elle n�a de sens que mise au service d�une d�marche constructive, visant � plus d�efficacit� et plus de transparence.

           

Dans cet esprit, notre ambition sera de faire vivre au niveau local la r�forme de la Pr�fecture de Police pour une Police de proximit�, engag�e par le gouvernement.

            Les Parisiens n�attendent en effet pas de leurs �lus qu�ils organisent le d�voiement et l�empi�tement de services municipaux sur les missions de la police r�publicaine en mati�re d�investigation et de r�pression de la d�linquance. Ce serait source de confusion, donc de d�perdition d�efficacit�, voire de bavures.

            Ils ne souhaitent pas davantage que soit orchestr�e une rivalit� malvenue entre Mairie de Paris et Pr�fecture de Police. Elle serait g�n�ratrice de conflits inutiles.

            Ils attendent, en revanche, que la Mairie de Paris fasse enfin son travail, c�est-�-dire qu�elle remplisse les missions qui sont de son ressort, dans un partenariat loyal, constructif et exigeant avec l�ensemble des acteurs engag�s dans la coproduction de leur s�curit�.

            Dans cette perspective, les propositions des socialistes ont vocation � apporter des �l�ments de r�ponse � deux demandes fortes des Parisiens : plus de s�curit� pour les biens et les personnes, davantage de civilit� entre habitants.

Nous souhaitons donc mettre fin au d�sengagement qui caract�rise de fait � l�heure actuelle la posture de la majorit� sortante, au moment o� les Parisiens ont besoin de l�engagement op�rationnel de tous les acteurs de la vie locale dans la coproduction de leur s�curit�.

 

A L�ins�curit� � Paris : une r�alit� multiforme et �volutive

La d�linquance parisienne se situe aujourd�hui � un taux de 136 infractions pour 1 000 habitants contre un peu plus de 60 pour le reste du pays. Pour comprendre cette situation il faut prendre en compte que Paris est une ville de transit ou se retrouvent � la fois ceux qui viennent y travailler (2,5 millions de voyageurs par an) et les touristes (21 millions par an). Capitale europ�enne, Paris s�inscrit dans des r�seaux, des parcours transversaux de d�linquance. Quelle est l��chelle pertinente d�action ? C�est aussi bien le quartier, l�arrondissement, l�agglom�ration que l�Europe. Paris doit donc inventer une politique originale de s�curit� mais pour cela, elle doit aussi �tre consid�r�e comme une ville ordinaire : avec ses territoires diversifi�s, ses populations m�lang�es, ses multiples intervenants, ses flux internationaux.

La d�linquance parisienne est essentiellement dirig�e contre les biens, avec une forte augmentation des d�gradations ces derni�res ann�es. Les infractions les plus fr�quentes sont le trafic de stup�fiants et les d�lits de voie publique. Ces infractions, par nature tr�s visibles, p�sent lourdement sur le sentiment d�ins�curit�.

Si la d�linquance touche l�ensemble de la capitale, elle se diff�rencie selon les territoires. La d�linquance est en effet plus forte dans le quart nord est de Paris et se singularise par un caract�re de proximit� qui touche plus directement les Parisiens. L�attention port�e � cette d�linquance n�a pas �t� � Paris une priorit�. Il s�agit aujourd�hui d�assurer la s�curit� pour tous les Parisiens, sur les Champs �lys�es, dans le Forum des Halles comme � Curial Cambrai.

� Paris, aujourd�hui, l�ins�curit� est une r�alit� multiforme et �volutive, donc complexe. Raison de plus pour y opposer une d�termination sans faille, qui d�cline des r�ponses elles aussi multiformes et �volutives, donc partenariales.

B La s�curit� : une coproduction

L��volution de la d�linquance d�une part (d�veloppement des incivilit�s, rajeunissement des auteurs, mont�e en puissance des d�gradations), la mutation des demandes publiques en mati�re de protection d�autre part (surveillance � la sortie des �coles, pr�servation de l�environnement et de la propret�, interventions dissuasives � l�encontre des rassemblements de jeunes) n�cessitent un partenariat fort entre l�ensemble des acteurs : Ville, Pr�fecture de Police, Justice, bailleurs, RATP, SNCF, �ducation, travailleurs sanitaires et sociaux, Conseil R�gional, communes riveraines, associations, habitants�

C�est justement dans cette conviction que la s�curit� est le produit d�une action partenariale et territorialis�e que r�side la force de la d�marche des Contrats locaux de s�curit�. C�est � l�incapacit�, culturelle et politique, de la majorit� municipale sortante d�impulser une telle dynamique que tient la faiblesse du Contrat parisien.

Les socialistes proposent donc de ren�gocier le Contrat Local de S�curit� de Paris, en impliquant les arrondissements � chaque �tape, autour de dix priorit�s.

C Dix priorit�s pour un nouveau Contrat Local de S�curit�

1. Recr�er une convivialit� de voisinage par le d�ploiement d�un r�seau de m�diateurs - correspondants de nuit

Il appartient � la Ville d�assurer, en partenariat avec les bailleurs sociaux, une pr�sence permanente dans les grands ensembles pour contribuer � la r�solution de situations conflictuelles qui ne rel�vent pas principalement de la police. L�objectif sera d�arriver � moyen terme (� mi-mandat) � une couverture de l�ensemble de la capitale. Un objectif de parit� doit �tre fix� entre le nombre d�Agents Locaux de M�diation Sociale et celui des Adjoints de S�curit�.

2. D�velopper l�aide aux victimes

La r�paration due aux victimes fait partie int�grante du protocole pour un meilleur niveau de s�curit�. Les politiques d�aide aux victimes doivent donc �tre au c�ur de notre action. Cette aide doit �tre d�velopp�e dans deux directions : une aide psychologique et juridique par l�ouverture de bureaux d�aide aux victimes dans chaque arrondissement. Une aide en terme de solidarit� de voisinage par un partenariat entre la Ville et les amicales de locataires (num�ro vert par exemple). Il s�agit l� d��viter l�isolement des victimes apr�s l�agression.

3. S�curiser les parkings

Les parkings des grands ensembles sont en effet souvent ressentis comme des lieux d�ins�curit�. Il faut trouver les moyens de les rendre plus s�rs. Des mesures doivent �tre prises (�clairage, red�coupage, gardiennage�). Des conventions pour la s�curisation des parkings seront recherch�es avec les compagnies d�assurances et les bailleurs sociaux qui assument l�essentiel du co�t des d�gradations commises.

4. Favoriser le recentrage de la Police sur ses missions premi�res

Surveillance des sorties d��coles, verbalisation de la malpropret� sur tous ces sujets, la ville doit prendre les choses en mains. Il s�agit en effet de missions de proximit� qui rel�vent de l�action municipale.

5. D�velopper la pr�vention de la d�linquance

L� o� ils interviennent, les Clubs de pr�vention sp�cialis�s dans l�adolescence en difficult�, ont fait la d�monstration de leur utilit�. Les activit�s de ces �quipes de pr�vention sont en effet d�terminantes pour lutter contre les exclusions et pr�venir la d�linquance. La faiblesse des moyens allou�s par le D�partement aux �quipes de pr�vention r�duit fortement la port�e de leurs interventions. Ils doivent donc �tre r��valu�s pour �tre mis au niveau des difficult�s rencontr�es.

6. Renforcer les partenariats avec l��ducation Nationale

L�ouverture de classes relais, la mise en place d�un r�seau d�accompagnement pour les �l�ves exclus des �tablissements scolaires et le d�veloppement d�une politique d�aide aux devoirs sont autant de gisements � exploiter et autant d�initiatives que la Municipalit� devra soutenir.

7. D�velopper les actions sportives dans les cit�s

Aujourd�hui, obtenir un cr�neau sur un terrain sportif pour un club de pr�vention ou une association de jeunes est une mission pratiquement impossible. Il faut afficher clairement une priorit� d�attribution aux habitants du quartier pour les terrains de proximit�.

8. Faciliter l�exercice de la parentalit�

La place des parents est essentielle. Il ne s�agit pas de mettre en accusation les parents, mais de les aider � tenir leur r�le et leur devoir d��ducation, notamment dans la responsabilisation de l�absent�isme scolaire. Un programme de soutien aux parents en difficult� sera lanc� en partenariat avec la F�d�ration des centres sociaux de Paris.

9. Donner la priorit� � la lutte contre la drogue

La question des drogues est indiscutablement une question centrale � Paris, g�n�ratrice de nuisances pour les riverains et d�un fort sentiment d�ins�curit�. Si la lutte contre les trafics rel�ve de la Police Nationale, la Ville doit �tre pr�sente sur les volets de la pr�vention, de la r�insertion et de la prise en charge sanitaire des toxicomanes. Depuis plusieurs ann�es, des initiatives importantes ont �t� prises sous l'impulsion des mairies du Nord-Est parisien et de la DASS de Paris. Notre objectif est de les �tendre � l'�chelle du territoire parisien et de les p�renniser sous la forme d'un plan � moyen terme qui devrait s'articuler autour de quelques objectifs dont l'exp�rimentation a fait ses preuves : mise en �uvre de relais sociaux avec de v�ritables structures de r�insertion professionnelle, de relais hospitaliers autour d'�quipes de Coordination et d'Intervention aupr�s des Malades Usagers de Drogues (�quipes ECIMUD) ; d�veloppement de la politique de r�duction des risques, d'antennes mobiles de rue et de structures d'accueil tenant compte des caract�ristiques des quartiers, des usagers et des trafics. Un "coordinateur par quartier " serait charg� de mettre en synergie l'action de la police, de la justice, des �lus, des structures sp�cialis�es et des habitants.

10. Mettre en place un observatoire de la s�curit�

Il faut sortir de la pol�mique sur les chiffres et pour cela cr�er un organisme ind�pendant, charg� de collecter, de mettre en perspective et de publier des statistiques fiables sur l��volution de la d�linquance � Paris et d��valuer l�efficacit� des actions men�es.
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