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Bertrand Delanoë
Aujourd'hui : 10/04/01 J30
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Le projet pour Paris
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Le projet pour Paris
L�ENFANT DANS LA VILLE : R�CONCILIER PARIS
AVEC SON AVENIR

A Une politique municipale totalement inadapt�e aux enfants

B Une priorit� : faciliter la garde des enfants

C Adapter la Ville � l'enfant

D Mieux soutenir la fonction parentale et la pr�vention de l�enfance en danger

 

L'enfant serait-il persona non grata � Paris ? La question peut para�tre provocatrice mais la triste r�alit� de la situation parisienne la justifie pleinement. En 25 ans, la droite parisienne a transform� la ville de Gavroche en une cit� hostile � ses enfants, c'est-�-dire � son avenir. Cette forme de discrimination g�n�rationnelle est devenue insupportable et s'impose comme l'un des principaux d�fis � relever pour les ann�es � venir.

 

A. Une politique municipale totalement inadapt�e aux enfants

C'est en vain qu'on cherche le domaine dans lequel la municipalit� s'est pr�occup�e d'am�liorer la place de l'enfant dans la capitale. Alors que ce dernier est avant tout un pi�ton, elle a livr� la voirie � l'automobile. Aux risques sanitaires dus � la pollution s'ajoutent ceux de l'ins�curit� routi�re : un pi�ton sur cinq victime d'accident de la circulation est un enfant. La sant� ? La ville n'a eu de cesse de fermer les dispensaires et les centres de protection maternelle et infantile. Le cadre de vie, les espaces verts, les loisirs, le sport ? Les manques d'�quipement sont criants notamment dans les arrondissements qui comptent beaucoup d'enfants et de jeunes et les horaires d'ouverture sont souvent inadapt�s. Quant au taux de scolarisation des enfants de moins de trois ans, il n'atteint que la moiti� de la moyenne nationale. La liste est longue des preuves de carences de la municipalit� sortante.

�         Mais c'est sans doute dans l'accueil de la petite enfance que son bilan est le plus pr�occupant.

On ne compte en effet que 18 000 places de cr�ches, pour 78 000 enfants de moins de trois ans, et les listes d�attente comportent 13 000 demandes ! Fait aggravant, la r�partition des places de cr�ches est tr�s in�gale. Par volont� d�lib�r�e, les quartiers du Nord et de l�Est sont sous-�quip�s tandis que, sans doute curieux effet du hasard, le 5e arrondissement est le mieux dot� avec 70 places offertes pour 100 enfants contre moins de 35 dans le 10e. Et que penser, par ailleurs, de la gestion client�liste des cr�ches dans certains arrondissements o� une place �tait (est encore ?) �chang�e contre la promesse d'une voix aux prochaines �lections ?

En outre en favorisant d�lib�r�ment les familles nombreuses ais�es pour des raisons �lectorales, la droite municipale a contraint � quitter Paris beaucoup de familles nombreuses modestes, mais aussi de jeunes cadres d�s l�apparition du deuxi�me enfant. Le co�t du logement y a puissamment contribu�. Mais il n�explique pas tout.

Car contrairement � ce qu�elle tente de faire croire, la municipalit� a peu fait en mati�re d�offre de garde collective, laissant les familles se d�brouiller avec des modes de garde individuels faisant appel au secteur priv�, plus on�reux. En pure perte d'ailleurs, puisque faute d'une r�partition g�ographique appropri�e, de logements adapt�s et d'une aide financi�re suffisante aux familles, ce secteur priv� reste largement sous utilis� : ainsi sur pr�s de 3 400 assistantes maternelles agr��es, seules 2 300 environ �taient en activit� l'an dernier. L'incoh�rence ne suffisait pas. Il fallait qu'il d�bouche sur le g�chis humain !

�         Le financement de la politique en faveur de la famille est tout aussi insatisfaisant.

Depuis 1983, les financements compl�mentaires de la Ville aux contributions de la Caisse d�allocations familiales ont �t� r�duits de moiti�. L�allocation logement parent seul - enfant seul n�a pas �t� revaloris�e depuis 10 ans.

La carte Paris Famille attribue notamment une aide annuelle de 2 000 F � la m�me somme depuis 1986 � aux familles de trois enfants ou comportant un enfant handicap�, quelles que soient leurs ressources. Dans le m�me temps, l�allocation cr�dit garde d�enfant, initialement pr�vue pour les familles parisiennes les plus en difficult� pour leur permettre d�acc�der � la cr�che, n�est per�ue que par une dizaine de familles. La derni�re allocation mise en place par la municipalit�, et applicable au 1er septembre 2000, � quelques mois des �lections, vise � diminuer le co�t de la garde d'enfant en mode de garde individuel : chacun sait pourtant que ce mode de garde n'est accessible � Paris qu'aux familles ais�es.

�         Le d�partement de Paris n'assume que tr�s mal la responsabilit� qui est la sienne en mati�re d�aide sociale � l�enfance et de protection de l�enfance en difficult�.

La droite parisienne a ainsi attendu 13 ans pour faire adopter son premier sch�ma directeur de protection de l�enfance et d�aide � la famille alors que la loi lui en faisait obligation depuis 1986.

Pour ces jeunes Parisiens en grande difficult�, du fait de situations familiales douloureuses, le recours au juge et le placement � l�ext�rieur de Paris ont �t� pr�f�r�s � une politique de pr�vention en milieu ouvert, aggravant ainsi par ce changement brutal leur environnement et leur situation. Il est vrai que les cr�dits consacr�s � la pr�vention de la d�linquance, notamment ceux des Actions �ducatives en Milieu Ouvert, stagnent depuis 1997 alors m�me qu�un effort accru dans ce domaine est une �vidente n�cessit�.

 

B. Une priorit� : faciliter la garde des enfants

L�augmentation du taux d�activit� professionnelle des femmes, le nombre important, et croissant, de familles monoparentales, l��mergence de nouvelles formes d�am�nagement du temps de travail, surtout avec la mise en place des 35 heures, sont des sp�cificit�s des grandes agglom�ration, et tout particuli�rement de Paris, que la municipalit� ne peut plus continuer d�ignorer.

De plus, l�accueil des jeunes enfants est un facteur d�terminant de l�insertion professionnelle des femmes. Et chacun sait que la scolarisation pr�coce permet de r�tablir certains retards scolaires et favorise une plus grande �galit� des chances au profit des familles modestes

Pour toutes ces raisons, les socialistes parisiens proposent une r�ponse mieux adapt�e � la demande des familles en mati�re d�accueil et de prise en charge de la petite enfance. Cette politique que nous entendons mener concernera tous les Parisiens et Parisiennes et non pas seulement quelques cibles �lectorales qui b�n�ficieraient d'avantages particuliers refus�s aux autres.

 

�         L�effort sera d�abord quantitatif.

Nous entamerons d�s le d�but de la mandature une ren�gociation du Contrat Enfance qui lie la Ville et la Caisse d'Allocations familiales et fixe notamment le nombre de places cr��es pour la petite enfance sur une p�riode de cinq ans. Le but poursuivi est d'augmenter ce dernier, mais il doit �tre atteint dans la transparence.

C'est pourquoi, nous proc�derons � un audit sur la situation r�elle et des besoins de l'ensemble des arrondissements. Cette �valuation men�e en concertation avec les �lus locaux, les services sociaux concern�s et les associations sp�cialis�es permettra de d�boucher sur un nouveau sch�ma pluriannuel de cr�ation des services d'accueil des enfants de moins de six ans (places en cr�ches collectives, haltes garderies, lieux d'accueil innovants�).

Quel objectif pour ce nouveau sch�ma ? Nous estimons que le " taux de desserte " parisien en cr�che collective devra passer de 40 % � 50 % en une mandature, ce qui correspond environ � 2 000 places suppl�mentaires.

Par ailleurs, d'autres instruments � disposition de la Ville seront utilis�s. Ainsi, tout projet d�urbanisme d�une certaine ampleur devra comporter une structure d�accueil des enfants ce qui est loin d'�tre le cas actuellement. Les locaux vides appartenant � des bailleurs sociaux seront sollicit�s pour installer des structures d�accueil de petites dimensions. Des logements sociaux seront propos�s � des assistantes maternelles afin qu�elles puissent exercer leur activit� dans Paris intra-muros et dans les meilleures conditions. Afin de d�multiplier l�effort municipal, la Ville passera des contrats avec des grandes entreprises et institutions publiques pour cr�er et offrir de nouvelles places.

�         L�effort devra �galement porter sur l�offre qualitative.

Il devra r�pondre aux attentes des familles et comportera notamment un r��quilibrage du nombre de places en faveur des arrondissements jusqu�� pr�sent d�laiss�s, notamment dans le Nord et l�Est.

Les contraintes professionnelles importantes des parents devront �tre mieux prises en compte. Sera engag�e la r�daction d'un nouveau r�glement int�rieur des cr�ches, apr�s n�gociation avec les personnels, int�grant la possibilit� d'un accueil en horaire d�cal� le soir et, au moins au sein de certaines d'entre elles, des modalit�s d'accueil ponctuel (de quelques heures � quelques jours).

Afin de r�pondre aux besoins, diff�rents pour chaque famille, nous proposons la mise en place dans chaque arrondissement d'un " coordinateur petite enfance " charg� localement de la coordination de tous les modes de garde existants et des actions de soutien � la parentalit�, ainsi que de l'information et l'orientation des parents.

L�attribution transparente des places sera assur�e et les commissions d�attribution des cr�ches municipales seront syst�matis�es et ouvertes � l�opposition dans tous les arrondissements.

 

�         L�augmentation des places offertes aux familles devra s�accompagner d�un effort financier, en particulier en direction des familles les moins ais�es. Ainsi, la carte Paris � Famille sera-t-elle modul�e en fonction des ressources des familles et accessible d�s le deuxi�me enfant. Une allocation sp�cifique de garde d'enfant aux parents allocataires du RMI investi dans un parcours de r�insertion professionnelle sera institu�e.

 

C. Adapter la Ville � l'enfant

Un grand nombre de nos propositions sont de nature � contribuer � une r�conciliation de la Capitale avec ses enfants. Qu'il s'agisse d'urbanisme, d'habitat, de diminution de la circulation automobile et de la pollution, d'�cole, de culture�, elles am�lioreront leur vie quotidienne.

Dans toutes les politiques municipales, il faudra avoir sans cesse pr�sent � l'esprit l'int�r�t des enfants. Sans doute est-il difficile ici de d�crire toutes les actions qui pourraient �tre men�es. Un exemple suffit toutefois � r�sumer notre �tat d�esprit : celui de l�am�nagement de la Ville et de l�habitat. Une politique intelligente et peu co�teuse peut puissamment contribuer � int�grer les enfants dans l�espace urbain et leur environnement imm�diat. Il suffirait, par exemple d�adapter les programmes de construction ou de r�habilitation de la Ville de Paris pour offrir des espaces de jeux aux enfants, notamment aux bas des immeubles et dans les cours int�rieures, pour am�nager des espaces de rangement des poussettes et v�los. Dans chaque quartier, des espaces publics pourraient �tre am�nag�s en aire de jeux ou, pour les friches et terrains en attente de destination, en terrains d�aventure. De la m�me mani�re, des ludoth�ques seraient implant�es dans les arrondissements " riches en enfants ".

Enfin, une journ�e annuelle de l'enfant sera instaur�e ; cette journ�e, con�ue sous forme d'une f�te pour les enfants permettra de valoriser leur pr�sence et leur expression � Paris. 

D. Mieux soutenir la fonction parentale et la pr�vention de l�enfance en danger

Nous pensons que la Ville devra s�impliquer fortement dans le r�cent programme gouvernemental de constitution de " r�seaux d��coute, d�appui et d�accompagnement des parents ". Cette action municipale devra passer par l�implantation " d�antennes d�aide aux parents et � l��ducation " qui seront charg�es du soutien psychologique et �ducatif de l �enfant en difficult�, mais aussi de la reconstitution des liens parentaux�

Pr�venir les possibles d�rives de l�enfance en danger est une dimension majeure de l�action en direction des jeunes. Les associations sp�cialis�es estiment que le nombre d��ducateurs de rue devrait �tre doubl� dans la capitale. Nous d�gagerons les moyens financiers pour satisfaire cet objectif tout en mettant en �uvre un soutien d�partemental accru aux associations menant des actions �ducatives et p�riscolaires aupr�s des enfants en difficult�.

Enfin, nous veillerons, autant que possible, � recentrer sur Paris intra muros les politiques d�accueil familial ou en �tablissement sp�cialis� des enfants en danger (aide � l�installation sur Paris des assistantes maternelles de l�ASE par exemple).

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